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Au marché de Saint-Valery-sur-Somme, quand les femmes dévalisaient les paysans

  • edlavagueverte
  • 13 nov.
  • 2 min de lecture
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LA PICARDIE

Récits historiques

Volume 1


Collectif

Avec illustrations, cartes, et reproduction de nombreuses cartes postales anciennes.

Format 15.8 x 24 cm - 186 pages

ISBN 978.2.35637.125.6









En 1685, les acheteurs allaient au-devant des vendeurs jusqu’à la Garenne. Une sorte de marché clandestin avait fini par s’établir en cet endroit. Une ordonnance de l’échevinage le supprima.

Les femmes, plus habiles que leurs maris à circonvenir les villageois, se chargèrent d’aller attendre les laboureurs et blatiers hors des murs, sur la grand-route. L’échevinage fit défense aux vendeurs de s’arrêter à la Ferté ou aux faubourgs, et aux acheteurs de se fournir ailleurs qu’au marché. En même temps, il interdisait aux maîtres cuisiniers d’acheter de la volaille et autres denrées, avant huit heures du matin, afin de permettre aux bourgeois d’en avoir pour leur utilité.

En 1694, malgré les défenses récentes, « les femmes, filles et servantes » devançaient les paysans sur la route et leur prenaient « leurs denrées à la force, jusqu’à les avoir empêchés de venir les exposer dans le marché ». Heureux paysans ! qui donc songerait à s’apitoyer sur le sort des bons campagnards à qui les dames de la Ferté faisaient ainsi violence ?

Un édit du roi défendit en 1725 d’acheter ou de convenir du prix du blé ailleurs qu’au marché et de faire des conventions secrètes dans les cabarets à l’insu du public.

L’amende qui menaçait les contrevenants était de mille livres.

L’édit fut rigoureusement observé à Saint-Valery.

En même temps, de nouveaux règlements plus sévères furent édictés sur la police des marchés. Mais « comme les sergents de ville ne pouvaient être partout », ainsi que le constate une délibération du 14 janvier 1733, on décida que, pour reconnaître plus facilement les contrevenants, on recevrait les dénonciations des habitants, « qu’un homme ou deux femmes » seraient crus sur parole et sur serment, et qu’ils recevraient à titre d’encouragement le tiers des amendes prononcées. Ainsi, dans la pensée des édiles, la parole d’une femme valait moitié moins que celle d’un homme. On détruisait, au profit du sexe fort, le vieil adage de jurisprudence : témoin seul, témoin nul.

Cette ingénieuse, mais peu galante décision, hâtons-nous de le dire pour l’honneur des habitants, ne paraît avoir eu aucun succès.

La Ferté était redevenue, en 1737, le théâtre de transactions illicites.

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